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EUPHORIA

chorégraphie│ Caroline Breton

interprètes │ Caroline Breton, Olivier Muller

musicien-création sonore │ Benoist Bouvot

lumières │ Charles Chemin

assistante │ Agathe Vidal

objets chorégraphiques │Chloé Bellèmere

collaborateur lumière 

& régie générale │Simon Gautier

 

​​productiongroupe Karol Karol

coproduction

L'étoile du nord scène conventionnée, Paris

KLAP Maison pour la danse, Marseille

Les Hivernales, CDCN d'Avignon

 

soutien à la création

Région île de France - aide à la création

Caisse des Dépôts - programme danse 

Fonds de dotation Francis Kurkdjian la Fondation Beaumarchais - SACD 

La Chaufferie Cie DCA-Philippe Decouflé

La Spedidam, L'Adami

accueil en résidence 

La Ménagerie de Verre, Paris

Atelier de Paris CDCN, Paris

CN D, Pantin - résidence annuelle

La Chartreuse CNES

The Watermille Center, New York

communication  │Marie-Pierre Bourdier & Le collectif Overjoyed

Caroline Breton est lauréate de la Bourse à l'écriture danse 2023 de la Fondation Beaumarchais-SACD

Création 5 MARS 2025 à l'étoile du nord scène conventionnée pour la danse, Paris, Festival Immersion Danse. 3 dates.

Le 22 mars 2025 à KLAP Maison pour la danse, Marseille Festival + de genres et 

Diffusion

  • 5-6 Mars Etoile du Nord 3 dates Première

  • 22 Mars KLAP, Marseille

  • Open studio The Watermill Center, NY Avrll

  • Open studio CPR, NYC, Avril

  • 5 Juin La Chartreuse CNES

  • 12 Juin Vélo Théâtre, Apt

  • Février 2026 Les Hivernales CDCN 3 dates

  • Juillet 2026 Festival International Vaison Danses

EUPHORIA

est une conversation chorégraphique et sonore entre deux chouettes sur le sens de la vie.

Sur un plateau presque nu, deux êtres étranges traversent des situations saugrenues et poétiques qui révèlent le caractère dérisoire et splendide d’une vie.

La pulsion vitale organise la vie. EUPHORIA, pièce dansée et sonore pour deux interprètes, travaille à développer un fort sentiment de vie. De cette grande joie de se savoir vivant, relié, découle une sensation de connivence essentielle avec le flot du vivant. Cette sensation d’extension et de prolongement de soi dans un continuum est l’expérience de liberté que nous souhaitons impulser et partager avec EUPHORIA.

Je suis intéressée par la métamorphose incessante du vivant, par la fluidité vertigineuse avec laquelle la vie se développe, inventant de nouvelles formes d’adaptation, parfois cocasses, n’ayant pas peur du nouveau et du renouveau. Je cherche à traduire dans mes pièces ce dévouement à la vie pour reprendre les mots de la peintre Agnès Martin, qu’il nous faut attiser, souvent, pour ne pas qu’il s’éteigne et par égard envers les autres vies qui peuplent ce monde.

 

Nous sommes une seule et même chose, corps et âme, mais nous formons aussi un seul et même organisme vivant, nous participons de la même petite cosmogonie. Nous sommes des êtres de sensations, des êtres sensationnels et drôles.

La pièce est un duo qui a à cœur de faire croître en nous le sens de la merveille; ce sens de l'émerveillement si cher à la biologiste marine Rachel Carson qui nous met en relation directe et profonde avec la puissance du vivant.

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EUPHORIA, chorégraphie de Caroline Breton, à L’étoile du nord, Paris Mar 10, 2025 |​​

 

http://unfauteuilpourlorchestre.com/euphoria-choregraphie-de-caroline-breton-a-letoile-du-nord-paris/

 

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article de Nicolas Thevenot dans Un Fauteuil pour l'orchestre

 

"C’est chouette les chouettes ! Celles campées nuitamment par Caroline Breton et Olivier Muller ne manquent pas de sel, de grâce, ni de chien. Oiseaux de nuit, c’est immobiles et dames blanches telles deux statues d’un jardin à la française qu’elles nous apparaissent dans une délicate perspective. Dans la lumière crépusculaire, leur corpulence à la matriochka s’anime d’ambiguïtés visuelles pour le moins saisissantes : l’une s’élève ainsi imperceptiblement jusqu’à paraître bien plus grande que sa voisine, malicieuse lévitation des apparences. Et puis, si les deux commères ou compères, à ce stade elles ne sont pas genrées, affirment leur bonhomie placide dans un minimalisme qui sied à leur ramage, fait d’un bloc, gênant un peu aux entournures, leurs pattes agiles et timides se feront le relais de leur expressivité. On connaissait les jeux de mains, jeux de vilains, on découvre ravi les jeux de pieds, jeux zélés ! Avec Caroline Breton, le corps se fait enveloppe, forme, signe, le mouvement est fait du même plein, extériorité et intériorité fusionnent comme dans le cinéma burlesque et offrent une plus grande lisibilité du monde.

 

EUPHORIA se présente sous les plumes de ses hôtes, et fait converger nos regards chargés d’anthropomorphisme sur deux figures animales, mais très vite, déposant leur gangue au sol à la manière de chrysalide, ce sont un homme et une femme de chair et d’os, un plumeau dans la bouche, qui poursuivent sous nos yeux sans l’interrompre leur conversation secrète. Et c’est toute l’intelligence de cette proposition que d’avoir fait dériver ses figures de l’animal vers l’humain sans rompre complètement leur généalogie, si bien que l’on en vient à contempler ces deux-là avec les yeux d’un La Fontaine. Et c’est bien l’habitus de l’homme et de la femme occidentale qui se détachent, de façon ludique et bourdieusienne (n’ayant pas peur des mots) : le rapport à leur corps, leurs rapports amoureux, leur port narcissique au risque du déséquilibre. Caroline Breton et Olivier Muller, vêtus sportivement à la manière d’un Ken et d’une Barbie, gym Queen, couleurs fluos à gogo, rose et jaune citron, sourires ultrabrite, hybrident curieusement deux espèces que l’on pensait antinomiques : l’oiseau à plume, dans son état le plus naturel, et l’adepte aérobisé de la salle de sport, dans son état le plus culturel. Ce sont ces frottements entre univers bien distincts, ce mélange dans les genres, qui produisent ce réjouissant feu d’artifice, cette euphorie bien nommée de la vie. S’il y a une perspective morale, puisqu’il y a bien un pas de côté, il n’y a pas pour autant moralisme ou jugement, au contraire EUPHORIA distille bienveillance et regard aimant sur le monde, avec ce qu’il faut d’humour pour légèrement plumer l’affaire. Si la pièce impressionne par son écriture précise, sa justesse de rythme, son inventivité et sa capacité à recycler la culture pop sans s’y soumettre pour autant entre Julio Iglesias et techno, elle séduit de bout en bout par le jeu extrêmement fin de ses deux interprètes-créateurs qui opèrent depuis le même lieu d’exposition et de transparence que le clown. Ces deux chouettes-là, vitaminées et décalées, auront particulièrement éclairé l’obscurité de notre nuit. 

 

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S’entraîner au vivant : Euphoria de Caroline Breton au Théâtre L’étoile du nord

par Beatrice Lapadat 10.03.2025

https://cult.news/scenes/sentrainer-au-vivant-euphoria-de-caroline-breton-au-theatre-letoile-du-nord/

 

Après s’être intéressée à « ce qui nous anime » dans sa précédente pièce De Natura Rerum en passant par « le besoin de faire communauté », Caroline Breton cherche à explorer les différentes hypostases de la pulsion vitale dans Euphoria, dont la première a eu lieu les 5 et 6 mars 2025 à L’étoile du nord. Entre figures acrobatiques spectaculaires, ambiance chromatique fluo et musiques hétérogènes, Caroline Breton et son partenaire de plateau Olivier Muller invitent les spectateurices à retrouver le sens de l’émerveillement à travers des mouvements et des sonorités inspirés par le vivant.

 

Sculpter le vivant, chanter la mort

 

Des sculptures vivantes ou des morts qui s’emparent d’une enveloppe de plumes (Chloé Bellemère) pour hanter celleux qui par hasard sont là, prêts à écouter leurs lamentations. On ne le sait pas pour l’instant, mais on se laisse porter par les pas sombres de ritournelle de ces créatures pour qui toute possibilité de vision est obstruée. Iels ne nous voient (peut-être) pas, mais iels nous chantent et nous enchantent. L’apparente incapacité de voir ne mène jamais à l’égarement ou à l’hésitation ; en revanche, elle met au défi le regard des spectateurices déjà entraîné.e.s dans un processus de décryptage de l’identité des « deux figures mi-chouettes mi-humaines. » Dans un même sens, les plumes ne laissent pas non plus s’entrevoir une fragilité quelconque, car la structure à laquelle ces dernières sont attachées semblent leur donner une consistance infaillible.

Et pourtant, cette étrange forme de vie trouve sa fin, tel qu’annoncée par les paroles de la ritournelle Diabolo, chantée dans les années 70 par Brigitte Fontaine et Areski Belkacem : « Je mourrai près d’une source/ que je n’aurais pas aimée/ Je mourrai dans une course/ Où je n’aurais pas bougé/ […] C’est la chanson très méchante/ que le diable m’a donnée. » Une chute bruyante et c’est fini pour les chouettes chantantes qui abandonnent leur enveloppe ornithologique juste pour se révéler autrement. Des chants d’oiseaux et des sifflements se propagent sur le plateau où plus rien n’attire l’attention à part les voix des performeurs. Des voix qui suscitent à la fois le sourire et l’émerveillement, notion à l’origine de l’intention dramaturgique de Caroline Breton, inspirée dans cette démarche par les réflexions que la biologiste américaine Rachel Carlson développe dans Le sens de la merveille.

 

J(oy)eux érotiques

 

L’incursion dans ce travail vocal inédit assure la transition entre la poétique sombre du début et le déroulé plus dynamique et haut en couleurs de la performance qui s’enchaîne. L’on découvre maintenant des êtres humains qui restent néanmoins contaminés par leur « vie antérieure » de chouettes, mais bien plus flexibles physiquement, en absence de la carapace toute de plumes faite. Une flexibilité qui ne lésine pas sur les moyens de manifestation : en costumes d’entraînement sportif, pantacourts orange, blouses légères et chaussettes aux couleurs audacieuses, Caroline Breton et Olivier Muller s’appuient l’un sur l’autre, sautent, virevoltent et créent des tensions fertiles pour le développement chorégraphique au niveau de l’équilibre et de l’endurance. On y voit donc « l’euphorie » au travail dans son sens étymologique : « force de porter, de supporter. » La légèreté des visages souriants contrastent avec la robustesse des figures acrobatiques qu’iels exécutent sur un terrain mi-ludique mi-érotique, pendant que l’on écoute un tube langoureux de Julio Iglesias, Il faut toujours un perdant, réarrangée par Benoist Bouvot.

C’est à ce stade de l’évolution de la performance que l’on commence à ressentir une certaine ambiguïté aux niveaux du dessein dramaturgique. Car si érotisme il y a entre ces deux êtres espiègles, il est suggéré de manière si enfantine qu’il n’est pas clair si on est en pleine plongée ironique ou s’il faut comprendre ce rapprochement comme une explosion de la force vitale qui nous anime et que Caroline Breton met au cœur de son projet. L’insertion d’une chanson aussi sentimentale que celle d’Iglesias ne fait qu’augmenter cette ambiguïté : devrait-on rire pleinement en tant qu’êtres vivants et susceptibles d’être tendres et ridicules, devrait-on y saisir un moyen de distanciation face aux notes graves qui définissent le début de la performance ? Drôle, sexy, hot, ludique, innocent, perdant – ce sont toutes des hypostases qui défilent sous les yeux des spectatrices sans que l’on puisse solidement s’ancrer dans l’une d’elles lors de cette séquence de gymnastique érotique.

 

Stridence et exubérance

 

C’est sur le plan du traitement chromatique que l’on remarque une audace stylistique et conceptuelle à ne pas ignorer. Les lumières (Charles Chemin) et les costumes (Chloé Bellemère et Alexandra Sebbag) osent mettre en exergue la puissance des couleurs fluo, passant par des codes qui rappellent l’ambiance des années 80. Cela est fait sans toutefois rompre avec les quêtes esthétiques plutôt minimalistes annoncées en début du spectacle à travers les plumes d’un « blanc rosé » : bien que le cadre semble se déplacer vers une salle de gym, le lien avec l’énergie du vivant est toujours maintenu. Inviter les couleurs pastel sur un plateau où l’action performative commence par une ritournelle aux accents tragiques est en effet un geste qui s’inscrit parfaitement dans la rhétorique du spectacle. Si « la tradition européenne oppose l’ontologie au kitsch » (Dominique Château), il est proposé ici une perspective qui dépasse les stéréotypes binaires : lorsqu’on embrasse le vivant sous toutes ses morphologies, textures, fluides et couleurs, peut-on encore être dans un « bon goût » mesuré et calculé ? L’émerveillement devant les métamorphoses subies par le minéral, le végétal et l’animal peut-il se laisser formater par les injonctions d’une harmonie artificiellement façonnée par les règles sociales ? Malgré les vibes urbains, Caroline Breton et ses collaborateurices trouvent, à travers l’évocation des couleurs criantes et des jeux fluo de lumières, un moyen d’articuler la continuité de ce dialogue au vivant, entre la poésie des forêts sombres et la frénésie pop, les deux éveillant un « dévouement à la vie » (Agnès Martin) qui n’affaiblit guère pendant les 50 minutes de danse.

Surprenante par sa fraîcheur et sa vitalité, Euphoria traverse à la fois un imaginaire proche de l’expressionnisme et des formes pop-urbaines pour faire surgir l’élan si cher à Caroline Breton. Au fond, il n’y rien de plus chouette que de voir des chouettes aveugles chanter leur propre mort, danser, faire de la gymnastique et côtoyer l’érotique afin de rendre hommage au vivant.

 

Vu le 5 mars à L’étoile du nord, Paris, dans le cadre du Festival Immersion DanseInformations et dates de tournée

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