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iFeel2

Direction artistique et conception │ Marco Berrettini

en collaboration avec │ Marie-Caroline Hominal

Interprètes │ Marco Berrettini, Caroline Breton [reprise de rôle de Marie-Caroline Hominal], Samuel Pajand

Musique │ Summer Music

Scénographie et lumière │ Victor Roy

Direction technique │ Jean-Philippe Roy

Administration & diffusion │ Tutu Production – Pauline Coppée

production │ *Melk Prod. (CH) / Tanzplantation (F)

Coproduction │ ADC Genève

Coréalisation │ Théâtre de la Cité internationale ; Festival d’Automne à Paris

Accueil studio │ Mottatom

Soutiens │ Ville de Genève, Pro Helvetia Fondation Suisse pour la Culture, Loterie romande, DRAC Île-de-France, Ernst Gohner Stiftung, Corodis

Spectacle créé le 31 octobre 2012 à ADC, Genève

dates

17 au 18 octobre 2018  

Marseille Objectif Danse

8 novembre 2018 

Teatro di Roma

Dans un jardin artificiel, sorte d’Eden psychédélique et bleuté où végète un homme-buisson et résonnent des accords de guitares électro-hypnotiques, un homme et une femme, torses nus et jeans moulants, entament un duo fusionnel à distance. Figures intenses et abstraites, à la fois rock et primitives, Marco Berrettini et Marie-Caroline Hominal (qui a créé le rôle) incarnent-ils une certaine idée du Désir ? Une vision fantasmatique de l’Infini ? Un aperçu angoissant de l’Altérité ? Leur élégante transe, en tout cas, est déclinée selon une structure minimaliste et répétitive faite de résidus de danses sociales, effectuées en miroir. Une chorégraphie sophistiquée à base de mouvements bruts qui rappelle l’intérêt de Marco Berrettini pour l’ethnologie et l’anthropologie, disciplines qu’il a étudiées à l’Université de Francfort en parallèle d’un parcours artistique insolite.

PRESSE

La liturgie de danse d'IFEEL2 explore la relation je-tu dans une tonalité ascétique

8 novembre au Teatro India | Par et avec Marco Berrettini Avec Caroline Breton et Samuel Pajand | Musique de Summer Music | Prod. * MELK PROD. et ADC Genève 

 

La scène du théâtre India est recouverte d'un tapis d'herbe synthétique, sur lequel pendent des globes feuillus. Quelque chose a déjà commencé, nous dit la musique du foyer. Marco Berrettini danse torse nu pendant que le public prend place. Donc "iFeel2" se déclare une continuation d'autre chose. En effet, la recherche chorégraphique de Berrettini inclut "iFeel", ancêtre présumé de l'opéra sur scène. Mais vous devez lire "2" en anglais, comme "two" ou "too". "Je me sens deux", ou "Je me sens aussi", voulant se lancer dans l'art détestable de traduire - ou pire, de translittérer - les titres. Ou "je me sens double", pourquoi pas. Toutes ces suggestions contiennent le titre.

 

La scénographie édénique suggère le noyau conceptuel de la performance. "iFeel2" est une enquête sur la dualité comme une condition qui n'est pas primaire, mais conquise. L'épisode de "Genesis" me vient à l'esprit. Après Adam est venu Eve, après One come Two, tout comme Caroline Breton commence à danser uniquement avec le public assis. Le sien semble être un réveil dû à l'hypnose, une magie qui émane du mouvement de l'homologue masculin. L'intrigue propose une progression continue sur des pistes parallèles: Marco Berrettini et Caroline Breton se déplacent à un rythme miroir, mais avec des mouvements de buste plus libres. Enraciné dans un pays d'où ils font le pas de la danse, mais étendu en hauteur vers leur individualité. Le visage devient ainsi le point culminant du chemin de l'identification. Dans les yeux se concentre un dialogue intense à travers lequel les sentiments divers et contrastés s'estompent. Attente, plaisir, curiosité, dans une cohérence sémantique mouvante.

La construction évoque la dimension du rituel: la danse de Marco Berrettini et Caroline Breton a une aura sacrée.

L'entrelacement scénographique-chorégraphique-musical est cohérent. Marco Berrettini parvient ainsi à impliquer le public, proposant une chorégraphie anticlassique, typique de sa langue, faite de mouvements simples sur une structure à six temps. Le tapis sonore est une synthèse originale de l'électronique, accentuée de jungle et d'acide, qui fait bouger les pieds et les doigts du public à un rythme. Il y a une recherche approfondie à tous les niveaux, même dans les textes de la bande originale, qui mettent l'accent sur la relation entre l'homme et la nature. Du point de vue de la performance, rappelez-vous quelque chose dont nous ne nous souvenions pas. Comme s'il creusait dans les consciences religieuses ou dans notre inconscient collectif, il nous apporte des images de danses ancestrales que nous aimerions aussi danser. Le théâtre est toujours catharsis; la danse est toujours un hymne à la vie.

"IFeel2" nous fait nous perdre dans la contemplation d'une forêt vivante, composée d'arbres-corps qui renvoient à des relations qui du double se déploient dans le multiple. Les globes de feuilles réagissent à la chorégraphie, commencent à vibrer, comme vitalisés. Soudain, deux pieds naissent de l'un d'eux. Vient ensuite une créature hybride qui se termine par un pic feuillu. C'est l'image de l'homme-arbre qui traverse toutes les cultures. Ainsi la formation anthropologique de Marco Berrettini se fait sentir, mais n'aggrave pas le flot avec une lourdeur rhétorique. L'empilement des symboles est paratactique, car chaque corps conserve une identité: Marco Berrettini et Caroline Breton ne mentionnent jamais les instincts et les gestes fusionnels. L'ensemble des parties est imprégné d'un sang-froid tragique mais pas mélancolique.

"IFeel2" est une performance ou un morceau du monde. Mais qui est une métaphore du monde, c'est-à-dire de la relation entre la nature et l'artifice.

Tirés de la liturgie dansante, nous pourrions la suivre jusqu'au bout ou revenir à nous-mêmes. Mais si nous y retournions, nous saisirions notre présence ici au sens simple et profond. "IFeel2" se dénoncerait tel qu'il est: une performance, ou un morceau du monde, qui est pourtant une métaphore du monde, c'est-à-dire la relation entre la nature et l'artifice. Cette allusion cosmique est également accentuée par le système d'éclairage, un puissant groupe de phares qui accablent de la masse unanime et intense d'un soleil. Le sens de la relation je-vous est renvoyé dans une clé ascétique. La chorégraphie est une recherche de vie, la vie est une pénétration technique circulaire pour revenir à la nature. Au final, la musique ne s'arrête pas, elle accompagne les applaudissements et la sortie de la salle. La danse continue.

Andrea Zangari 10 nov.2018

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